Axe 3. Sciences de gouvernement et catégorie d'action
Responsables : Romuald Bodin (PR), Gerald Houdeville (MCF)
Membres : Doris Abela (Doc), Claire Auzuret (Doc), Ludivine Balland (MCF), Pierre Camus (Doc), Marie Charvet (MCF), Marion David (Post-Doc), Kévin Delasalle (Doc), Corinne Delmas (PR), Annie Dussuet (MCF, HDR), Shani Galand (Doc), Sarah Ghaffari (MCF), Véronique Guienne (PR), Gérald Houdeville (MCF), Rémy Le Saout (MCF, HDR), Clémence Ledoux (MCF en délégation CNRS ), Gildas Loirand (MCF), Anna Mesclon (Doc), Martine Mespoulet (PR), Romain Perrier (Doc), Nicolas Rafin (MCF), Mélodie Renvoisé (Doc), Nicolas Roinsard (MCF en délégation CNRS), Arnaud Sébileau (MCF), Konstantin Shorokhov (Doc), Hassen Slimani (MCF), Charles Suaud (PR).
Le programme de recherches (2010-2015) initié par l'axe a pour ambition de décaler le regard par rapport aux approches institutionnalistes et relativement désincarnées qui prévalent dans le champ de la recherche sur l'action publique territoriale. S'inscrivant dans le parti pris de réalisme sociologique développé au CENS, il s'agit d'étudier les pratiques de travail en matière de mise en œuvre des politiques publiques locales. Les travaux visent à une meilleure intelligibilité des modes d'action locale et de leurs conséquences sur l'ordre social. Plus exactement, l'axe 3 participe d'une réflexion largement partagée par les sciences sociales sur les transformations des modes de gouverner caractérisant les sociétés contemporaines mais en s'intéressant principalement aux processus des productions des catégories politico-administratives et à leurs applications locales. Les « catégories », « outils », « dispositifs », « mesures » adoptés pour traiter des problèmes locaux sont dès lors toujours appréhendés comme des représentations objectivées et le résultat institutionnalisé de la mobilisation concurrentielle de multiples acteurs dont il s'agit de mettre en lumière la configuration de relations, les trajectoires, les modes de pensée et d'action. Les travaux de l'axe 3 appréhendent l'action publique sous l'angle d'une approche localisée du travail politico-administratif. S'ils confirment que selon les configurations locales, les acteurs disposent d'une relative autonomie d'action ce qui tend à produire des situations contrastées dans l'application des dispositifs, ce sont surtout les savoirs mobilisés pour et par les "gouvernements locaux"" qui se sont graduellement placés au centre des préoccupations de la recherche. Aussi moins qu'une sociologie des politiques publiques territorialisées, l'axe 3 cherche avant tout à développer une sociologie de la mobilisation des savoirs et des techniques susceptibles d'orienter les représentations et les conduites des "gouvernements locaux". Cette ambition suppose de croiser l'analyse des instruments de l'action publique et celle de la production des catégories de pensée et d'action. C'est notamment pour mieux marquer cette orientation qu'en 2014, les membres de l'axe 3 ont décidé de changer l'intitulé de l'axe qui passe de "Action publique et territoires" à "Sciences de gouvernement et catégories d'action". Pratiquement, trois sous-axes organisent la recherche.
Le premier "Savoirs mobilisés et dispositifs d'action" traite des outils de quantification de l'action publique. Principalement soutenus par des "grandes contrats" de recherche (ANR, programme européen FLOWS financé par le 7e PCRD de la Commission Européenne, contrat DRESS/Mire...), les travaux réalisés portent sur le rôle et l'usage de la statistiques dans l'action publique. Mais plus que de constater que la quantification s'impose de plus en plus comme un mode de gouvernement ce qui est déjà largement démontré par ailleurs, les analyses s'intéressent au processus de production des catégories mobilisées [1,2].
Dans le prolongement de ce premier sous-axe, le deuxième "Catégories administratives et définition des population" cherche à voir comment les catégories construites s'imposent et participent à définir des populations. Qu'il s'agisse d'étudier l'image d'une ville dynamique et accueillante (Nantes) [3], la conversion aux logiques de marché dans le sport en France ou en Chine [4,5], les conceptions entre une paysannerie moderne et traditionnelle au Sénégal ou encore les transformations des visions de l'offre scolaire, tous ces sujets bien que pouvant apparaître relativement éloignés cherchent à rendre compte des luttes d'imposition de catégories administratives qui tendent à produire des représentations et des classements de populations localement différenciées.
Enfin le troisième sous-axe "Réception et usages des catégories" s'éloigne de l'étude de logiques de production et de définition des catégories politico-administratives pour s'intéresser aux effets de leurs applications selon une approche territorialisée. En étudiant les réformes territoriales [6,7], les politiques d'hygiène urbaine [8], les politiques migratoires ou encore les politiques relatives à l'intégration professionnelle des "seniors" [9], ces différentes recherches montrent qu'au delà des orientations européennes ou nationales qui s'inscrivent dans des dispositifs normatifs ou instrumentaux, les contextes économiques, sociaux et politiques locaux affectent fortement la mise en place de ces politiques et contribuent à produire des disparités territoriales.
Publications significatives
(1a) Mespoulet, M., « Un statisticien sociologue de la stratification sociale en Hongrie : Rudolf Andorka (1931-1997) », Statistique et Société, revue de la Société Française de Statistique, n°3, 2014, pp. 49-56.
(1b) Mespoulet, M., « Usages des chiffres dans l'action publique territoriale : les chiffres comme instrument de gouvernance territoriale », in Quelles sciences humaines et sociales pour le XXIe siècle ?, Caen, Presses Universitaires de Caen, 2014, pp. 71-72.
(2) Deauvieau J., Filhon A., Mespoulet M., Pelage A., Poullaouec T., Sztandar-Sztanderska, K., de Verdalle L., « Un projet de nomenclature socioprofessionnelle : Une construction savante face aux variations nationales de représentation du monde social, Sociologie, 4/2013.
(3) Masson P., Cartier M., Le Saout R., Retière J-N, Suteau M., Sociologie de Nantes, Paris, La Découverte, 2013.
(4) Slimani H., « Commercialisation touristique des activités corporelles récréatives et engagement associatif : quelles conciliation ? », Juristourisme, n° 163, Paris, Dalloz/Juris édition, avril 2014.
(5) Boucher A., Les corps et leur encadrement en Chine : une analyse des institutions sportives de tennis de table de Qingdao et de la province de Shandong, Doctorat de sociologie, Université de Nantes, 2013.
(6) Le Saout R. (dir.), Réformer l'intercommunalité, Enjeux et controverses autour de la réforme des collectivités territoriales, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
(7) Le Saout R., S. Ségas, « La domination politique par les dispositifs financiers. L'exemple de la dotation de solidarité communautaire (DSC) », Politix, n° 93, 2011.
(8) Charvet, M., « La suppression des fortifications au conseil municipal de Paris à la fin du XIXe siècle : prendre acte de la croissance de la ville », in Bourillon, F. et Fourcaut, A. (dir.), Agrandir Paris 1860-1970, Paris, publications de la Sorbonne/comité d'histoire de la ville de Paris, 2012, p. 235 - 249.
(9) Bigoteau M., Chaudet B., Dussuet A., Péribois C., Care policies for older people and female labour market integration in the city of Nantes: the French puzzle, in Local welfare policy making in European cities, Kutsar D.et Kuronen M. (eds), Springer, 2015.
Rayonnement et attractivité académiques
Le projet UCAP « Usages des chiffres dans l'action publique territoriale », piloté par Martine Mespoulet (financé par la Région Pays de la Loire), a impliqué une dizaine de membres du laboratoire. Autres partenaires : DCS, LEMNA, ESO - Universités d'Angers et du Maine (CARTA et GREGUM), CARE-Université de Rouen.
Le projet EURéQUA (ANR « Quantifier l'Europe ») piloté par Martine Mespoulet (partenaires CMH -ENS Jourdan, Printemps - Université Versailles Saint Quentin, MSH Ange-Guépin).
Le projet SOLITER "Négocier la solidarité territoriale dans les intercommunalités" - (ANR Gouverner et administrer), impliquant Rémy Le Saout en tant que responsable de l'axe « Solidarités financières et sociales ». (2009-2012)
Le projet MISGAN porté par ESO-CNRS Nantes implique Estelle d'Halluin.
Le programme européen COST PROSPOL (Cost Action on 'Comparing European Prostitution Policies: Understanding Scales and Cultures of Governance (ProsPol)' dans lequel Véronique Guienne en tant que membre du comité est responsable pour la partie française du projet.
Le projet « Les catégorisations de l'espace social en Europe. Evaluation de la réception du projet européen de nomenclature socio-économique dans quatre pays de l'Union européenne » piloté par Tristan Poullaouec. Financement DRESS-MIRE.
Le programme européen FLOWSImpact of local welfare systems on female labour force participation and social cohesion financé par le 7e PCRD de la Commission Européenne dans lequel est engagée Annie Dussuet.
Les membres de l'axe ont expertisé des articles pour : International Review of Administration Sciences, Revue Française de Socio-Economie, Les Mondes du Tourisme, Politix.
Interactions avec l'environnement social, économique et culturel
R. Le Saout a noué des relations durables avec le Syndicat National des Directeurs Généraux (Paris-SNDG) et avec l'Assemblée des communautés de France (AdCf) et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Il est régulièrement invité en tant qu'expert de l'intercommunalité et de l'emploi public local.
R. Le Saout est membre du comité exécutif de l'Association Française de Sociologie (AFS).
M. Mespoulet dans le prolongement du projet UCAP a noué des relations avec la Délégation régionale INSEE (organisation de journées d'études, diffusion de connaissances...). Elle a par ailleurs renforcé les relations avec les collectivités territoriales (Région, Métropole) permettant, entre autres, d'offrir des lieux de stages pour les étudiants du master professionnel de sociologie (MDS).
L'ouvrage sur la sociologie de Nantes a fait l'objet de nombreuses intervention dans les médias (France culture, France inter, PQR...).